Profitons du petit-déjeuner tous frais compris

Après plusieurs années passées dans des bases – ou transports – militaires, Heather ne se formalisait plus des standards de confort habituels. Cependant, sans être un quatre étoiles, l’hôtel de New Way en valait bien un autre, et avec ses boules quiès la jeune femme avait dormi comme un loir. C’est donc parfaitement reposée qu’elle se réveilla en ce beau matin de novembre.

La sonnerie programmée – un extrait de « Because the night » de Patti Smith, son dernier coup de cœur – de son portable la sortit de ses rêves et de son oreiller confortable, si ce n’est un peu poussiéreux – selon les standards Heatherien bien sûr. Se levant au radar, elle jeta un coup d’œil à l’heure (7h30) et procéda à la sélection de quelques vêtements dans sa commode. Se doutant que la quarantaine allait durer un moment, et que sa présence ici également par extension, elle s’était mise à son aise dans la chambre d’hôtel.

Elle attrapa un chemisier blanc au col brodé, un pull en laine bleu sans manches et un jean, avant de s’enfermer dans la salle de bain pour une bonne demi-heure. Elle en sortit plus fraîche, ses cheveux soigneusement brossés et tressés. Elle enfila ensuite une paire de bottines ouvragées au talon ni trop grand ni trop petit, ni trop mince ni trop massif – ses préférées en somme.

Attrapant son sac à main et un long manteau en noir, elle quitta sa chambre probablement pour n’y revenir que le soir même. Ce n’était que ça : une chambre, comme elle en avait vu un bon paquet (bien que beaucoup mieux que la plupart). Elle descendit au rez-de-chaussée, où l’une des employées la salua avec un petit sourire timide. La jeune femme semblait avoir du mal à se faire à ses clients mais faisait un effort honorable pour ceux qui lui paraissaient sympathiques (et il n’est pas sûr qu’il y en ait énormément vue sa mine défaitiste). Heather lui offrit un sourire franc et passa dans la salle adjacente au hall, qui servait de salle à manger.

L’endroit était confortable : de petites tables étaient dispersées au milieu des plantes vertes, l’ensemble était décoré dans des tons chauds et un buffet placé sur un estrade offrait toute la nourriture nécessaire. Le plaisir de s’offrir quelques extras pendant une mission n’était pas chose commune pour Heather, elle ne s’en privait donc pas. Une dizaine de personnes étaient présentes, dispersées de ci de là, majoritairement des militaires. Ils discutaient entre eux par petit groupe, plus ou moins discrètement, de choses plus ou moins intéressantes (Heather attrapa quelques bribes sur un match de football : inintéressant). L’afflux des scientifiques – moins lève-tôt – ne tarderaient probablement pas. Après tout, ils ne commençaient officiellement leur « travail » qu’à 9h, et il n’était qu’un peu plus de 8h, rien ne pressait.

Elle s’installa à une table pour deux dans un coin, juste à côté d’un magnifique Dragonnier (aussi appelé Dracaena marginata), y déposant son manteau et son sac avant de filer se servir au buffet. Une tasse de thé, un verre de jus d’orange, et une pile de tartines avec sa noisette de beurre et un petit pot de confiture aux myrtilles plus tard, elle déposa son plateau sur sa petite table et s’installa, satisfaite.

Elle sirotait son thé en observant par une fenêtre proche le ciel grisâtre lorsque quelque chose attira son attention...

BIIIIIIIIIIIIIIIP….BIIIIIIIIIIIIIIIIP…BIIIIIIIIIIIIIP…

Satané réveil voila qu'il sonne toujours au mauvais moment, il se réveilla doucement ouvrant très légèrement les yeux au sein de sa chambre d'hôtel. La lumière venait doucement de pénétrer à l'intérieur, frappant de son éclat chacun des objets qui se trouvait dedans. Sam posa la main devant son visage refusant d'avoir ces satanés rayons de soleil dans les yeux. Petit à petit il émergea se rappelant de son emploie du temps, et oui première journée de boulot, autant dire que le cœur n'était pas là, mais bon le premier cours se trouvait être dans plus de 5 heures. Il se leva de son lit et s'étira très légèrement avant de se laisser tomber violemment sur le sol, mais il se rattrapa sur les mains faisant par la même occasion une bonne cinquantaine de pompes. Son entrainement de militaire quotidien. Ce n'était pas le plus facile mais il n'y a rien de mieux pour se réveiller, une fois cela fait, il alluma son téléphone vérifia qu'il n'avait pas de message. Son boulot avait déjà commencé, il avait recueillit certaines informations mais rien de bien intéressant, il avait un papier cacher à l'intérieur du cuir de sa mallette, c'est un calepin très fin en réalité. Il nota dedans toutes les informations qu'il a trouvé sur X ou Y personnes et ce accompagné d'une copie sur clé USB. Il vérifia donc que le papier était toujours là et posa celle-ci contre un mur tout en se dirigeant vers la salle de bain. Il sortit s'habilla d'une chemise blanche toute repassée par ses soins accompagné d'un pantalon noir.
Une fois cela fait, il lassa ses chaussures et saisit sa mallette se préparant à sortir prendre son petit déjeuner. Il devrait revenir d'ici une ou deux heures ou sinon ce soir tout dépend du temps qui lui est imparti…
Il repartit aussitôt en arrière, oubliant le principal, ses notes de cours, qu'il avait préparé dans la journée d'avant-hier, un cours d'introduction en sociologie. A vrai dire il connaissait mieux que personne la psychologie de masse et les habitudes communes, ayant lue pratiquement tous les livres conseillés par les facs du pays il se sentait prêt pour son cour. Autant dire que cela est une bonne expérience pour lui qui n'a jamais parlé devant un si grand auditoire, devant des soldats certes mais jamais autant. Alors oui il faut l'avouer il n'était pas emprunt au stress mais plus à la curiosité.
Enfin une fois son dossier en main il repartit aussitôt dans le couloir, claquant la porte derrière lui. Il descendit le premier étage par les escaliers et arriva dans le self, respira un grand coup en voyant tout les militaires qui s'y trouvaient, il s'empressa d'aller au buffet tout en tenant sa mallette, il se servit tenant son plateau à une main et cherchant rapidement une place de libre.
Son petit déjeuner était simple, un petit bol de café, deux trois tartines et un jus d'orange frais. Bon il fera son sport dans la soirée afin d'équilibrer mais le matin était sacré pour lui, il savourait toujours ce moment comme si c'était le dernier.
Il a enfin trouvé une place, une jeune femme était déjà assise à une table de deux, il alla doucement vers la table posa très légèrement son plateau et demanda avec politesse :

- Je peux m'asseoir ?

Hésitant encore à se poser sur la chaise il préférait très largement s'asseoir à cette table plutôt qu'à celle des militaires.

Perdue dans ses pensées, Heather observait la rue – déserte à cette heure – sans la voir, suivant quelques secondes du regard les rares passants, contemplant le ciel aux nuages chargés laissant très chichement passer les rayons du soleil levant… La rue, très propre, bordée de lampadaires ouvragées abritait des maisons un peu anciennes, au style très éloigné des maisons de banlieues qu’Heather avait aperçu un peu plus loin. Bien au chaud dans un hôtel confortable comme elle l’était, tout cela offrait à New Way une atmosphère de ville campagnarde très kitch. Mais plus elle y réfléchissait, et plus Heather y trouvait quelque chose d’un peu glauque, qui la mettait mal à l’aise. Ce n’était pas tant la ville en elle-même, qui n’avait pas grand-chose de spécial, que ses habitants et leurs comportements à l’égard des nouveaux venus. Cela ne faisait que quelques jours qu’elle était là et déjà elle ne s’y sentait pas la bienvenue, c’était très dérangeant pour quelqu’un d’aussi sociable qu’elle.

Elle fut tirée de ses pensées moroses par une voix grave, indubitablement masculine, proche d’elle… qu dis-je, qui s’adressait à elle ! Retenant un sursaut de surprise, Heather détourna le regard de la fenêtre pour lever les yeux sur l’homme qui souhaitait s’asseoir à sa table. Se reprenant rapidement, Heather couvrit son expression pensive, un brin mélancolique, d’un sourire accueillant.

« Bien sûr, je vous en prie ! » l’invita-t-elle, tirant son plateau à elle pour laisser de la place au nouveau venu.

Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle, réalisant que, pendant qu’elle se laissait distraire par l’effet déprimant du temps maussade de ce début de matinée, la salle s’était remplie un peu plus. Comme elle l’avait prévu, ses collègues scientifiques avaient enfin pointés le bout de leur nez. Un petit groupe passa sa table, la saluant amicalement, et elle leur retourna la salutation avec courtoisie, bien qu’elle ait encore eu peu l’occasion de faire leur connaissance. D’autres têtes plus familières étaient dispersées de ci de là, mais un certain nombre de ses meilleures connaissances n’étaient pas présentes. Tous des lève-tard !
Elle retourna rapidement son attention sur l’homme qui lui faisait face, notant avec amusement la similitude de leurs petits-déjeuners. Buvant une gorgée de jus d’orange, Heather prit sur elle d’engager la conversation. Rester en silence dans un tête-à-tête ce n'était pas la meilleure idée pour la mettre à l'aise.

« Je ne crois pas vous avoir déjà vu, vous êtes du contingent militaire ? » demanda-t-elle, curieuse, tout en essayant de ne pas paraître trop insistante ou indiscrète.

Après tout, son interrogation était légitime : théoriquement l’hôtel était réservé aux nouveaux venus, les militaires et les scientifiques. Hors, elle était quasiment sûre de connaître au moins tous les scientifiques de vue, et cet homme n'en faisait pas partie.