Vive les petites vieilles [Clos]

[C'est pas super long pour un début mais je vais bientôt devoir quitter, je voulais pas partir avant d'avoir fait notre sujet ^^]

Savannah aimait les gens. Elle aimait les rencontrer, leur parler, apprendre des choses sur leur vie personnelle et devenir amie avec eux. On ne pouvait pas être plus sociable, et ce n'était d'ailleurs pas pour rien qu'elle avait choisi un travail à la bibliothèque de la ville. Ses amis lui avaient bien proposé de faire serveuse - deux d'entre eux travaillaient dans le même bar - mais elle ne trouvait pas cela assez "proche". Servir ou bien être barman était un job à temps plein, surtout dans un établissement fréquenté. On avait en général pas le temps de discuter avec les clients : un simple bonjour, prise de la commande et hop, il y avait déjà quelque chose d'autre à faire. Du coup la jeune femme avait refusé, surtout après avoir appris par le bouche à oreille - merci maman - que la bibliothécaire recherchait une aide partielle. Ni une ni deux, la brunette s'y était rendue et l'avait baratinée comme pas possible pour être certaine de décrocher le job. Il y avait de la concurrence pourtant : pas mal d'étudiants de New Way recherchant un boulot étaient venus postuler. Ce fut avec joie que Savy appris quelques jours plus tard qu'elle était la nouvelle assistance bibliothécaire. Cela faisait maintenant deux ans qu'elle arpentait les rayons de cet endroit.

Oui, Savannah aimait son travail et aimait les gens. Sauf que parfois ceux-ci pouvaient s'avérer extrêmement chiants et dans ces cas-là, elle n'avait qu'une seule envie : leur coller une baffe. Comme à cette petite vieille qui se plaignait que la bibliothèque n'avait acquis que cinq des sept livres de son auteur favori. Savannah avait beau lui expliquer que les deux derniers étaient en commande mais pas encore arrivés, la mamie hurlait tout son soûl à travers la pièce. Et par un fabuleux hasard, l'employée principale n'était pas là. Génial. Savy tenta de garder son calme et fit comprendre à cette personne âgée tête à claque que si elle ne baissait pas d'un ton immédiatement, tout le monde risquait de lui en vouloir : en général on venait à la bibliothèque pour pouvoir lire tranquille, et seuls les chuchotements étaient autorisés - bien sûr, on pouvait parler normalement au bureau mais tout de même pas crier... La vieille s'offusqua et sortit en grognant. Savannah soupira et se laissa retomber sur son fauteuil, fermant un instant les yeux pour remettre ses idées en place. Si elle s'écoutait, elle l'aurait poursuivie pour se défouler un bon coup en lui rappelant son manque total de respect.

Ce qui la calmerait ? La présence de ses amis. Boire un verre en leur compagnie, rire et oublier les petits tracas de la vie comme les mamies râleuses. D'autant plus que la jeune femme avait encore du pain sur la planche : ce samedi étant plutôt calme, elle avait tout le loisir de s'avancer dans sa prochaîne dissertation sur le peuple Maya. L'anthropologie la passionnait, et elle ne regrettait pas un seul jour les études qu'elle avait choisies. Plus tard, elle ferait le tour du monde et passerait du temps en compagnie de civilisations très peu connues qui vivaient encore en communion avec la nature. La seule chose qui pourrait la ralentir sur ses perspectives d'avenir étaient ses amis. La bande des six. Ils étaient attachés l'un à l'autre comme les doigts d'une main, et Savy aurait beaucoup de mal à quitter New Way - car cela voudrait dire les quitter eux. Mais tout au fond d'elle-même, la brunette savait qu'ils l'aimaient et qu'ils ne voulaient qu'une seule chose : qu'elle soit heureuse dans son existence, quitte à ce que celle-ci ne leur laisse pas le loisir de se retrouver tous les jours pour boire un verre. A cette pensée, Savannah sourit et se remit dans son travail, revigorée.

[Je viens de voir ton profil mdr, moi j'adore Switchfoot <3]

Il était un peu plus de midi et Savannah n'avait toujours pas pris son déjeuner. Pourtant, une pause d'une demi-heure lui était accordée durant laquelle la bibliothécaire principale sortait de ses rayons et se plaçait derrière le bureau. Les clients n'aimaient pas attendre, surtout pour ne faire qu'emprunter un livre, et s'il fallait choisir entre mettre les nouvelles acquisitions en place et s'occuper de l'accueil, il n'y avait pas photo... Sinon cela pourrait vite dégénérer en mécontentement général, bien que cela ne puisse pas faire énormément de tort à cet endroit. D'une part parce qu'il s'agissait de la seule bibliothèque municipale de New Way (la seconde se trouvait sur le campus et n'était autorisée qu'aux étudiants et autres adultes concernés), et d'autre part parce que la ville étant mise sous quarantaine, il n'y avait aucun moyen d'aller jusqu'à la ville voisine pour s'approvisionner en bouquins. Sans compter que celle-ci devait se trouver à plus d'une cinquantaine de kilomètres. New Way n'avait pas été bombardée pour rien : elle était aussi perdue que Portnay au Nevada. A cette pensée, Savannah eut un frisson. Tous les habitants de ce lieu étaient morts à cause de la dernière explosion. Dire que le Gouvernement trempait là-dedans, mais que personne ne pouvait le prouver ! Savy était de ceux qui ne comprenaient pas pourquoi des terroristes s'amuseraient à balancer des trucs mortels qui ne feraient "que" quelques centaines de morts, alors qu'ils auraient pu les envoyer sur Central Park ou pire encore. Il y avait donc quelque chose de louche là-dessous, et les têtes pensantes des Etats-Unis en étaient forcément responsables. Il y avait de quoi être dégoûté de son propre pays.

Lançant un regard impatient à sa montre, comme si c'était de sa faute si sa supérieure ne revenait pas, Savannah soupira pour la seconde fois en l'espace de dix secondes. La mamie était à peine sortie, et bien que l'étudiante ait pensé reprendre son devoir sur le peuple Maya, son estomac l'en avait empêché. Il avait poussé un grognement qui, fort heureusement, ne s'était pas entendu jusque vers les tables des lecteurs. S'amener le ventre vide dans un endroit aussi silencieux qu'une bibliothèque était une preuve de stupidité profonde ou de véritable masochisme : qui pouvait aimer être le centre de l'attention grâce à ce moyen ? Et alors, n'espérez même pas passer inaperçu si vous vous trouvez en plein milieu de la pièce, là vous pouvez être certain que toutes les personnes présentes vous lanceront un regard mi-étonné mi-réprobateur en même temps.

La brunette aperçut une ombre se pencher par-dessus le comptoir de la réception, mais faisant presque volte-face pour essayer d'apercevoir sa collègue qui manquait visiblement de ponctualité, elle ne se rendit pas immédiatement compte de qui il s'agissait.

- Bonjour, qu'..., dit-elle tout en se retournant, affichant déjà le sourire qu'elle réservait aux clients. Sam ! Je suis ravie de te voir !

Et elle l'était véritablement. Se trouver en compagnie de l'un de ses amis les plus proches était pour Savannah un véritable plaisir à chaque fois. Tous les six étaient inséparables depuis leur plus tendre enfance, et la jeune femme s'étonnait toujours de voir à quel point la vie avait joué en leur faveur. Au lieu de les éloigner alors qu'ils grandissaient, elle n'avait fait que les rapprocher toujours plus. Pourtant, depuis leur dix ans, ils avaient bien changé. Ils possédaient tous une personnalité bien définie et différente des autres, des goûts uniques et des occupations variées. Malgré tout, cela n'avait en rien affecté leur amitié. La mère de Savannah lui disait souvent qu'elle n'avait jamais vu des liens aussi forts se tisser entre des êtres qui n'étaient pas de la même famille. Sa fille voulait bien le croire. Et elle était même persuadée que c'était vrai.

- Alors, quoi de neuf ? lança-t-elle joyeusement, impatiente à l'idée que sa pause déjeuner pourrait bien se passer en compagnie de son ami de toujours.

En guise de réponse, le jeune homme lui demanda si elle pouvait discuter avec lui dans un endroit "calme et sûr". Il avait l'air nerveux, mais Savannah n'aurait su expliquer pourquoi. Etonnée, elle fut prête à demander la raison d'une telle question mais n'en eut pas le temps. Les mains de Sam, que le bureau de la réception cachait auparavant, apparurent bientôt dans son champ de vision alors qu'il lui présentait une rose et un crayon - qu'elle reconnaissait comme l'un de ceux qu'il prenait pour dessiner. Une rose ? Certes ils étaient amis, mais jamais Sam n'avait offert de rose - et encore moins rouge - à la brunette. Quant à son crayon... Mais que se passait-il ? Malgré sa soudaine inquiétude, la jeune femme ne put retenir un sourire en coin.

- J'aurais bien aimé que tu sois passé simplement pour m'apporter cette magnifique rose, mais... malheureusement je crois que c'est pas vraiment le cas. Suis-moi, c'est ma pause déjeuner et il y a un bureau qui fait également office de salle de repos là-bas.

Savy se leva de son fauteuil, ne prenant même pas la peine de prendre en main les deux choses que Sam venait de lui tendre. En fait, la situation était tellement étrange qu'elle n'y avait pas songé, préférant se dépêcher de rejoindre l'arrière-salle. Là, il pourrait enfin lui dire ce qui n'allait pas. Au départ, elle avait pensé à une discussion ayant rapport avec le secret qu'ils partageaient tous : celui d'avoir été caché dans les décombres de l'usine au moment de l'explosion. Celui de ne pas s'être trouvés dans un abri au moment fatidique, comme l'exigeait la procédure mise en place par le Gouvernement. Mais avec cette histoire de fleur et de crayon à dessin, il fallait bien avouer que Savannah s'y perdait légèrement...

- Oh, Mme Kane, je prends ma pause déjeuner, chuchota-t-elle à sa supérieure alors que celle-ci arrivait à sa hauteur - enfin ! Comme il est midi quinze, je reviendrais près de l'accueil à midi quarante-cinq.

Elle lui fit un sourire convenu mais légèrement hypocrite. Cette Mme Kane n'était pas méchante mais avait tendance à vouloir profiter de cette "jeunette" qui bossait avec elle et donc, de lui donner le moins de pause possible pour qu'elle-même puisse se détendre derrière les rayons. Hors de question que Savy se laisse faire : ce n'était pas son style et en ce point, elle ressemblait d'ailleurs beaucoup à Alex'. Quelques secondes suffirent aux deux amis pour se rendre dans le bureau où Savannah avait déposé ses affaires en arrivant - par conséquent, son déjeuner l'attendait déjà. Une fois que Sam fut rentré, elle ferma la porte et entreprit même de tourner le verrou, histoire de s'assurer que personne ne viendrait les déranger. De toute façon la patronne n'aurait aucune raison de se pointer ici durant le déjeuner de son employée. Et si elle se demandait ce que pouvaient bien faire une fille et un garçon dans une pièce fermée d'une bibliothèque, la brunette aurait tout le temps de lui expliquer gentiment que son ami avait besoin de lui parler de quelque chose d'important - qui ne la regardait absolument pas.

- Alors, dis-moi ce qui te tracasse, débuta-t-elle en s'asseyant sur l'une des deux chaises et en l'invitant à faire pareil. Je vois bien que tu n'as pas l'air dans ton état normal, qu'est-ce qui se passe ?

Elle avait soudain pris un ton plus concerné qu'auparavant. Elle n'aimait pas quand l'un de ses amis ne se sentait pas bien. Pire encore : elle détestait ça, et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider Sam, quelles qu'en soient les conséquences. Retenant presque son souffle, elle attendit qu'il lui révèle enfin la raison de sa visite surprise.

Savannah était une véritable goinfre en temps normal, et quand elle avait faim, il fallait qu'elle mange. Heureusement pour sa ligne, ses petits gâteaux en plein milieu de l'après-midi et ses barres chocolatées en pagaille n'augmentaient pas son poids. Souvent, elle songeait que sa vie serait un véritable enfer si elle n'avait pas un tel métabolisme : elle aurait alors du se priver de toutes ces sucreries pour ne pas voir la balance monter, monter et monter... ! Une chose était certaine en tous les cas : quand il était temps de déjeuner ou de dîner, rien ne pouvait l'éloigner de sa nourriture. Sauf ses meilleurs amis. Bizarrement, son estomac ne faisait plus aucun bruit alors qu'elle se trouvait assise sur une chaise du bureau, sachant pourtant que son repas l'attendait à un mètre cinquante maximum. La nervosité et le problème que pouvait avoir Sam lui avaient en réalité coupé l'appétit. A cet instant précis, Savy ne pensait plus à tout ça, sa tête était trop occupée à se poser tout un tas de questions et à soulever de nombreuses hypothèses sur ce que pouvait bien avoir le jeune homme. Les seuls éléments dont elle disposait ? Une rose rouge et un crayon. Quel lien ces deux objets avaient-ils entre eux pour que Sam les ai apportés ici ?

La réponse ne tarda pas à venir : ce dernier tendit la rose à Savannah et lui demanda si elle était réelle. Les yeux de la brunette s'écarquillèrent légèrement, et elle eut un peu peur de la tournure des choses... Sam serait-il devenu fou ? L'étudiante prit la fleur entre ses doigts, faisant bien attention à ne pas se pîquer avec les épines et lança un regard étonné à son ami, avant de poser ses yeux sur la rose et de la faire tourner dans tous les sens. Il n'y avait strictement rien d'anormal.

- Euh... Oui...

Pendant ce temps, Sam avait sortit quelque chose : son bloc que Savy savait réservé à ses dessins. Pointant un endroit du doigt avec un air insistant qui semblait dire "Mais regarde ! Tu comprends pas ?", la brunette y posa les yeux. Là, elle put remarquer les contours très fin d'une rose, un peu comme si Sam avait dessiné la fleur en entier, avant de gommer l'intérieur pour ne laisser que les bords. Allant de la rose rouge au bloc, le regard de Savannah restait empli d'incompréhensibilité. Enfin, tout sembla s'éclairer, et ce fut d'abord bouche bée qu'elle posa de nouveau son attention sur Sam.

- Attends... Tu... T'es pas en train de me dire que cet... cette rose, tu l'as dessinée et que... après elle est devenue vraie comme par enchantement ?

Normalement, la jeune femme n'aurait pas du avoir assez d'éléments pour en venir à cette conclusion - enfin, il y aurait d'autres choses bien plus normales à imaginer avant cela. Mais étant assez friande de dessins animés, ce genre de trucs, elle avait quasiment grandi avec. Nombre de fois, on y évoquait ce pouvoir de rendre les choses réelles après les avoir couchées sur le papier. C'était un peu comme les objets qui prenaient vie dans un épisode de Mickey : vu et revu. D'ailleurs, Savy se souvenait de l'un d'eux en particulier, que sa mère lui avait offert pour son septième anniversaire...

Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait pas croire que Sam soit doté de la même capacité. Ce genre de délire, ça n'existait pas ! C'était uniquement pour amuser les enfants, les faire sourire voire les amuser devant une jolie petite histoire ! Elle aurait bien aimé croire à une blague de son ami, mais le connaissait assez bien pour savoir que ce n'était pas le cas. Et puis, rien qu'à voir son expression à la fois perdue et affolée, il était clair que tout ceci s'était réellement déroulé. Même si Savannah aimait croire qu'il y avait forcément une explication plausible, et qu'il la trouverait tout seul en se souvenant de quelque chose qui lui échappait encore, elle doutait que cela arrive. Ne s'étaient-ils pas tous senti bizarre depuis cette explosion ? Ne pensaient-ils pas tous avoir changé d'une quelconque manière, sans arriver à dire comment ? Mais de là à posséder des pouvoirs surnaturels... Il ne fallait pas non plus abuser. Pourtant, Savy aussi avait vécu un truc étrange récemment, chose qu'elle avait gardée pour elle-même, parce que c'était son caractère. Elle pensait avoir rêvé, mais maintenant que Sam se pointait avec sa rose et son crayon, elle n'en était plus si sûre...

- Tu es certain qu'il n'y a pas d'autre explication ? demanda-t-elle à nouveau sans même attendre la réponse à la question précédente - se doutant qu'il s'agirait d'un "oui". Je veux dire... Je sais pas... Ca pourrait être une blague de quelqu'un. Tu as laissé ton bloc ouvert avec la rose dessinée et en revenant pouf, tu vois uniquement les contour et une véritable rose sur ton bureau... Et entre-temps, n'importe qui aurait pu entrer...

Elle aimerait que ce soit un malentendu, une farce. Mais au fond, elle savait que non.

Sam était un peu moins nerveux maintenant qu'il avait lâché le morceau à quelqu'un qu'il avait montré la rose, néanmoins il resta en retrait lorsque Savannah lui dit que la rose lui semblait réelle, comment était-ce possible ? Sam ne se l'expliquait pas, il s'était juste pencher pour rammaser son crayon tombé par terre et puis en se relevant il avait trouvé une rose sous sa main et une feuille de papier presque vierge, comme si son dessin n'avait été fait... D'accord Sam aurait très bien put rêvé avoir dessiner cette rose en soit cela n'aurait pas été trop dramatique un moment de fatigue ou quoi, mais dans ce cas là il n'aurait pas trouvé de rose sous sa main...

Lorsque Savannah dit que la rose était la comme par enchantement, Sam ne put retenir un sourire crispé, comment son amie pourrait croire une histoire pareille ? Une rose qui apparait comme par magie, des coups de crayons qui disparaissent, peut-être était ce un mauvais tour que lui jouait un petit lutin, ou alors son imagination qui lui jouait des tours, mais comment expliquer la rose ? Car c'était sur elle que tout reposait, c'était ça présence dans la main de Sam qui avait tout déclencher, cette soudaine apparition qui faisait que Sam se sentait fou, complètement stupide, nerveux et près à être embarqué dans un asile.

- Je ne dis pas qu'elle est venue par enchantement, je dis juste que j'avais dessiner une rose et puis que de mon dessin il ne restait plus que la fine silhouette et une rose... Cette rose que tu tiens...

Tout d'un coup la vue de la rose lui donnait des nausées, la tête lui tournait, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais il esperait que son amie puisse l'aider, qui d'autre l'aurait fait sinon elle ? Les autres étaient tous au travail, Savannah aussi travaillait, mais elle était un petit plus libre et dans un endroit ou les murs n'avaient pas d'oreilles...

- J'étais seul chez moi, cette rose je venais à peine de la terminer et puis mon crayon est tombé par terre, je l'ai ramassé d'une main et l'autre est resté sur le bloc et quand je me suis relevé elle était là...

Sam joignit le geste à la parole pour donner plus de véracité à ses dire, comment Savannah pourrait croire une histoire parreille il ne le savait pas, mais il devait se calmer et la seul solution était d'en parler à quelqu'un de confiance, comme Sav'.

- Ecoute, c'est pas une blague, je ne me moque pas de toi, je te le promets... Tu sais ça fait quelque temps que je me sens bizarre... Je veux dire depuis l'explosion, je ne sais pas ce que c'est je ne sais pas le définir, mais...

Sam était incapable d'achever sa phrase, il ne savait pas mettre de nom sur ce qu'il ressentait, mais ce sentiment était fort et il ne pouvait pas le nier...

[désolé pour ce post pourrit, je me rattraperai promis...]

["Pas aussi long que les autres" ne veux pas forcément dire pourri, et le tien en est la preuve ^^]

Savannah et Sam se connaissaient depuis longtemps. Depuis très longtemps même. La première fois qu'ils s'étaient parlés, ils venaient d'entrer en primaire et avaient tout juste six ans. Ils ne s'étaient plus jamais quittés depuis, ainsi que cinq autres amis qu'ils avaient en commun. Maintenant il n'étaient plus que six suite au décès douloureux d'Allan alors qu'ils jouaient dans l'ancienne usine. Malgré tout, le lien qui les unissait ne s'était jamais relâché, et Savy pouvait se vanter d'être l'une des seules personnes au monde à savoir qui était vraiment Sam Garner. Elle l'adorait. Le voir ainsi, perdu et affolé à l'idée de ce qui s'était produit avec son dessin et sa rose, était loin de la laisser indifférente. Car Savannah n'était pas seulement concernée par les autres : elle ressentait les autres. Quand l'un de ses meilleurs amis n'allait pas bien, elle non plus. Pourtant, on la considérait au sein du groupe comme celle à qui il fallait absolument parler quand quelque chose tracassait l'un d'eux. Parce qu'elle savait écouter, elle savait être l'épaule sur laquelle pleurer et possédait toujours les bons mots pour réconforter. Paradoxal, non ? Parce que quand on partageait les peines d'une personne, il était difficile de se montrer plus fort et d'aider. Mais l'étudiante avait un secret : aucun de ses cinq amis ne le savait. On la voyait comme forte, quelqu'un qui ne se laissait jamais démonter par les événements, mais c'était uniquement parce qu'elle gardait ses réels sentiments enfouis au plus profond d'elle-même.

Et là, alors qu'elle commençait à se sentir aussi effrayée que Sam à l'idée que ce pouvoir soit bien présent, le jeune homme n'aurait su le dire. Son visage était inquiet mais ne montrait aucun signe de peur, et son regard se voulait rassurant. Au fond, elle tremblait. Dehors, elle assurait. Ses proches l'aimaient comme elle était, mais tous lui reprochaient de ne jamais oser parler quand un truc clochait. D'ailleurs, c'était rare quand ils remarquaient que justement, un truc clochait. Parfois, dans des moments de lucidité, Savy songeait qu'ils avaient probablement raison. Mais dans des instants comme celui-là, où l'un de ses amis avait besoin qu'on l'aide et non qu'on partage son effroi, elle savait que c'était pour le mieux. Pour autant, elle n'avait pas l'impression de se sacrifier ou de porter le poids du monde sur ses épaules. Juste de faire son maximum pour les gens qui lui étaient indispensables.

Ses yeux noisette plongés dans ceux de Sam, la brunette l'écoutait avec la plus grande des attentions. Lorsqu'il lui expliqua comment tout ça s'était passé et qu'il désigna la rose qu'elle tenait, elle ne put s'empêcher d'y jeter à nouveau un regard, comme si ce geste permettrait de tout expliquer en l'espace d'une fraction de seconde. Mais non. La rose était tout ce qu'il y avait de plus normal, d'ailleurs son parfum lui montait aux narines. Ca sentait bon... Et puis, elle était sûre que si elle appuyait un doigt sur une épine, celle-ci la pîquerait forcément... Rien à faire, cette rose n'était pas fausse, et visiblement Sam ne venait pas de l'acheter chez le fleuriste du coin... Alors que Sam continuait son récit, Savannah le laissa lui montrer exactement ce qu'il avait fait : le jeune homme se baissa pour ramasser un crayon invisible - le vrai était toujours dans la main droite de la demoiselle - et laisser une main sur la table. Puis il se releva et avec un regard abasourdi, et lui avoua que la rose était apparue...

*Comme par enchantement, c'est bien ce que je disais...* songea alors l'étudiante, tentant de refouler la boule qui lui montait à la gorge et qui attestait de sa peur grandissante du dénouement de cette conversation.

- Je sais que c'est pas une blague, Sam... C'est justement ce qui m'inquiète, lâcha-t-elle avec un sourire compatissant. A dire vrai... Tu n'es pas le seul à te sentir bizarre depuis l'explosion. Moi aussi... Et il m'est arrivé ce truc, il y a trois jours. Ecoute, tout ce que je peux te dire c'est que tu n'es pas tout seul dans ce genre de situation, aussi bizarre soit-elle. Et que si ça persiste, il faudra qu'on se serre tous les coudes parce que si c'est bien ce à quoi je pense...

Elle s'arrêta quelques secondes, baissa les yeux puis les releva pour croiser le regard intrigué de Sam. Elle ne mit pas longtemps à s'expliquer : de toute façon comment pourrait-il la prendre pour une folle ? Si tout ça était vrai, s'il avait pu faire vivre une rose dessinée sur un bloc avec un crayon, et si Savannah avait pu avoir cette expérience l'autre matin... Il ne fallait pas réfléchir très longtemps pour deviner la cause de tout ce chamboulement. Ne se sentaient-ils pas différents depuis que la bombe avait explosé au-dessus de leur tête ? Quelque chose s'était passé ce 13 Octobre. Quelque chose de bizarre. Quelque chose d'irréaliste et de surnaturel.

- C'est la bombe, Sam. Je suis sûre que c'est ça. On était les seuls dehors, on n'a pas pu s'abriter quand ils l'ont lâchée sur nous, et les décombres n'ont rien pu faire pour nous protéger du nuage chimique. Je suis certaine qu'il a affecté notre... corps... et que du coup, on n'est plus pareils. Je crois qu'il faudrait en discuter avec les autres. Eux aussi ont forcément du le ressentir.

Savannah, qui avait toujours été très terre-à-terre, n'arrivait pas à croire ce qu'elle était en train de dire. En gros, elle avouait littéralement que les gaz aspirés à cause de la bombe leur avait donné des pouvoirs. Comment était-ce possible ? Ca n'arrivait que dans les films, ce genre de choses, et pas en vrai ! La détresse de la jeune femme était bien cachée aux yeux de son ami, mais au fond, elle savait qu'elle n'avait jamais eu une telle trouille de toute sa vie. Pas même lorsque les sirènes avaient retenti et qu'elle avait compris qu'elle n'aurait pas lel temps de se rendre dans un abri. Pas même lorsque la bombe avait explosé sur New Way. Difficile de réconforter Sam quand on vivait vraiment la même peur. Pour une fois, Savannah Andrews laisserait peut-être entrevoir ses réels sentiments...

Sam ne parvenait pas à dire, à mettre le mot sur ce qui n'allait pas, il ne voulait pas entendre le mot pouvoir ou capacité, pour lui ça aurait été un petit peu trop sciences fiction. Il avait toujours beaucoup aimé ce genre de chose que ce soit dans les dessins animés ou dans les films ou encore les séries américaines, il était toujours question de pouvoir, de dons surnaturelles,... Sam avait toujours eu un don pour le dessin, mais il n'y avait jamais rien au d'extraordinaire là-dedans, tout le monde était capable de dessiner, certains dessinait mieux que d'autre et c'était tout. Personne n'avait jamais trouvé bizarre que son enfant soit un virtuose de la musique ou qu'un autre soit champion du monde dans une catégorie, mais que quelqu'un aie une capacité hors du commun, comme voler, faire apparaître du feux, se rende invisible, tout ça découlait de sciences-fiction était comme son nom l'indique de la simple fiction et rien d'autre.

Sam n'était pas dans son état normal, il était effrayé, il se demandait surtout s'il était le seul dans le cas, si les autres aussi pouvait faire un truc complètement dingues. Est-ce que ces amis étaient comme lui ? Est-ce qu'ils étaient les seuls à être dehors au moment de l'explosion ? Combien étaient-ils ? Que se passerait-il s'y on leur mettait la main dessus ? Est-ce que le gouvernement savait quelles effets auraient cette bombe ? Tant de questions auxquelles il fallait trouver une réponse...

Mais la question à laquelle il s'était demandé si ce sentiment bizarre, cette chose faisait qu'il se sentait différent était juste dans sa tête ou était réelle venait juste de trouver sa réponse. Oui il se sentait bizarre et différent après la bombe et cette chose était bien réelle, il venait de donner vie à son dessin et ça il ne pouvait pas le nier. Il avait redresser la tête en entendant parler Savy, elle aussi elle se sentait bizarre et les autres aussi, mais ce n'était pas ça qui avait fait relever la tête de Sam, c'était plutôt de savoir qu'il lui était arrivé un truc à elle aussi et que visiblement il n'était pas au courant.

- Je ne comprend pas, qu'est-ce que tu veux dire par, il m'est arrivé un truc il y a trois jours... Raconte moi s'il te plaît, je pense que je me sentirait moins seul...

Il venait de trouver une réponse à une de ses nombreuses questions, il n'était pas le seul à se sentir différent et à avoir vécu une situation similaire. Ce qui de toute façon était logique, pourquoi lui aurait il eu quelque chose de bizarre et pas ses amis, qui étaient dehors avec lui ? Sam se demandait bien ce qui avait put arriver à Savannah, elle n'en avait pas parlé, peut-être n'en avait elle parlé avec personne ou avait comme lui, elle avait prit un de ses amis qui étaient le plus disponible à ce moment -là.

La bombe les avaient tous transformés et avait fait quelque chose en eux qui faisait qu'ils se sentaient tous différents. Sam lui avait cru que c'était un simple mauvais pressentiment et que ça se calmerait, mais ce sentiment avait persisté. Cette satanée bombe du 13 Octobre, celle qui avait avait atteint les limites de la ville. Cette bombe qui était responsable de la mise en quarantaine de la ville, de la présence des militaires, de la tension si palpable,...

- Depuis ce fameux jour, j'ai toujours eu cette sensation bizarre de me sentir différent... Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je sais que depuis je ne me sent pas pareil. Ce qui à changer dans mon corps je ne sais pas ce que c'est, mais je sais une chose que maintenant toi tu sais aussi, j'ai donné vie à mon dessin... La question que je me pose c'est est-ce qu'on était vraiment les seules à être resté dehors ? Juste nous six ou alors y en avait-il d'autres ?

Sam se doutait que Savy n'aurait pas forcément la réponse à ça question, mais en tout cas si la question devait avoir une réponse positive, il espérait que ces personnes ne se seraient pas trouvée seule dehors. Ce secret était lourd à porter, même à six, alors si on devait le porter seul en se découvrant quelque chose d'impossible, ce secret devrait devenir impossible à garder seul et les gens commenceraient à parler...

[désolé pour le retard....]

[Pas de souci ^^ Je m'excuse d'avance, j'ai l'impression que niveau qualité, je viens de te pondre une grosse daube... Je crois que je suis distraite aujourd'hui xD]

Sam aussi avoua que depuis cette explosion, il se sentait bizarre, différent. Il demanda également quelque chose qui avait forcément traversé l'esprit de chacun des six amis : étaient-ils vraiment les seuls à l'extérieur ? Ce qui sous-entendait : étaient-ils les seuls à qui des trucs complètement étranges arrivaient ? Si d'autres n'avaient pas eu le temps de rejoindre un abri, alors eux aussi se seraient rendus compte qu'ils avaient changé intérieurement. En un sens, Savy aimerait bien que ce soit le cas, ainsi elle se sentirait moins coupable de cette quarantaine, car après tout les militaires étaient là pour eux... même si ceci devait rester un secret. D'un autre côté, elle ne souhaitait cette peur qui prenait aux tripes à personne, et ce serait beaucoup moins dangereux s'ils n'avaient été qu'eux six en dehors des abris pendant l'explosion. Ainsi, rien ne permettrait aux militaires de savoir. Jamais. Parce qu'aucun d'eux ne vendrait la mèche, ils préféreraient mourir plutôt que de mettre leurs proches en danger.

- Je ne sais pas... Ce serait étonnant qu'on soit les seuls, avoua-t-elle néanmoins. Imagine une personne qui se promenait dans la forêt au même moment, il n'aurait pas eu le temps de rejoindre un abri. On ne le saura jamais vraiment je pense, parce que s'il en existe d'autres, ils doivent être comme nous et garder ce secret bien enfoui tout au fond d'eux-mêmes.

Il était évident que Sam ne serait pas passé à côté de cette petite phrase prononcée par Savannah, aussi courte soit-elle. Il avait bel et bien entendu que quelque chose s'était passé pour son amie également, et il voulait absolument savoir quoi. Réaction normale... Savy avait gardé tout cela pour elle jusqu'à maintenant, n'osant pas en discuter avec les autres. Pas par manque de confiance, mais parce qu'elle s'était dit qu'après tout, ça n'avait peut-être été qu'une hallucination - ou plutôt un rêve. Tout simplement. En fait, elle aurait aimé y croire mais au fond, elle se doutait que ce n'était pas le cas : ça l'avait trop étonnée et elle se souvenait trop bien de cette expérience pour douter de son réalisme. En avouant à Sam qu'il n'était pas le seul dans cette situation, elle avait voulu le rassurer, comme elle le faisait en toutes circonstances à chaque fois qu'on venait lui parler. Savannah, Coeur d'or du groupe, était parfaite dans ce rôle. En cet instant précis, elle avait voulu réconforter le jeune homme, et cette phrase était presque sortie automatiquement, sans qu'elle ne veuille vraiment la prononcer. Du coup maintenant, elle était obligée de raconter ce truc complètement fou à Sam. Savy n'avait pas l'habitude d'être celle qui parlait de ses problèmes, cela dit pour aujourd'hui, elle devait bien avouer que ça ne lui ferait pas de mal. Et puis, elle n'avait pas le droit de laisser Sam mariner tout seul avec son éventuel pouvoir de donner vie aux dessins. Savoir que la brunette traversait la même chose l'aiderait probablement plus que n'importe quel autre truc qu'elle aurait pu lui dire pour lui remonter le moral.

La jeune femme soupira et secoua la tête en un air désespéré. Elle avait du mal. Entendre un récit de phénomènes bizarres, c'était une chose. Mais le raconter elle-même en s'incluant dedans était un autre souci. Les fantômes, les monstres cachés sous les lits des enfants - ou dans leurs placards, les pouvoirs surnaturels, les démons, les vampires, les Immortels.. Tout ça n'était qu'un ramassis de conneries sortant tout droit de l'imagination des plus grands auteurs et scénaristes. Ca n'existait pas. C'était là uniquement dans le but détendre les gens qui aimaient lire ou aller au cinéma. Savy adorait se plonger dans des univers différents du sien, emplis de magie et de créatures inventées. Mais aujourd'hui, ce genre d'histoires touchait la réalité, et ça lui faisait drôle. Très drôle. Enfin elle releva les yeux, qui avaient regardé dans le vide les dernières secondes pendant lesquelles elle réfléchissait à la manière de dire tout ça à Sam. Elle les posa sur son ami, prit une bonne inspiration et démarra.

- C'était il y a trois jours donc. J'avais pas cours le matin mais j'ai voulu me lever tôt pour aller faire un peu de jogging dans le parc, expliqua-t-elle, sachant qu'il s'agissait d'informations inutiles, mais elle ferait n'importe quoi pour reculer l'échéance. J'avais rêvé de chat dans la nuit. Quand je me suis réveillée le lendemain je... Je voyais plus le monde comme il est. J'avais l'air minuscule par rapport à mon lit et les couleurs étaient légèrement différentes autour de moi... J'ai essayé de bouger mais je... j'étais plus pareille... Je me suis regardée, enfin j'ai essayé... J'ai vu... Sam je peux pas te dire ça...

Ce qu'elle s'apprêtait à lui révéler était encore pire que de se rendre compte que des dessins devenaient réalité. Bien pire. Ou plutôt : bien plus irréaliste. Sam la prendrait-il pour une dingue ? Il y avait de fortes chances, même si elle était l'une de ses meilleurs amis, parce que c'était tellement différent, tellement plus dur à avaler ! Savannah stoppa quelques secondes, essayant de reprendre ses esprits. Il fallait qu'elle le lui dise, c'était une chose à laquelle elle ne couperait pas. Alors autant prendre son courage à deux mains et recommencer son histoire là où elle l'avait laissée, en essayant de se montrer la plus claire possible.

- Je vais faire court. Je me suis rendue compte que j'étais devenue un chat, dit-elle finalement d'une voix tremblante. Chocolate n'était pas là, heureusement... J'étais seule dans ma chambre, et tu sais mon miroir... J'ai réussi à me déplacer jusque-là et en me postant devant, je me suis vue... J'étais un chat !

Savannah possédait en effet un grand miroir qui n'avait pas de pied et qui s'accrochait directement au mur. Il commençait au ras du sol et faisait deux mètres de haut. C'était un cadeau que sa grand-mère maternelle avait fait à sa mère pour ses dix-huit ans, et à son tour Catherine l'avait offert à son enfant pour cet anniversaire. Il était magnifique et très pratique, car contrairement à la plupart des autres miroirs, il permettait de se voir entièrement.

- Je suis retournée dans mon lit. Tu te rends pas compte, j'ai du sauter pour monter dessus ! Comme un chat ! J'ai fermé les yeux et j'ai attendu. J'avais tellement peur... Et puis je me suis rendormie je crois... Ma mère était au travail et mon père parti chez son éditeur, alors personne ne s'est inquiété, et heureusement. En me réveillant pour la seconde fois, j'étais de nouveau moi. J'ai cru que j'avais rêvé, mais je sais que c'était pas le cas. Sam, tu dois me croire, je sais ce que je raconte, j'ai pas halluciné ! dit-elle plus fort, sans hurler tout de même, mes les nerfs parlaient à sa place en cet instant précis. En tout cas, je l'ai dis à personne... Tu me connais.

Savannah esquissa un demi-sourire, puis laissa ses yeux errer sur la pièce avant de donner à nouveau toute son attention à Sam. Maintenant, non seulement elle avait peur de ce qui était en train de se passer, mais elle était aussi effrayée à l'idée que son ami trouve cela un peu trop bizarre pour être vrai. Parce qu'entre donner vie à des dessins et se transformer en chat, il y avait une grosse différence. Ces derniers jours, Savy ne dormait pas très bien, et il ne fallait pas se demander pourquoi : elle avait peur de refaire un rêve sur un félin et que tout ça recommence. Et si la prochaîne fois, il lui était impossible de redevenir humaine ? Elle ne voulait plus penser à tout ça, elle voulait oublier...

{Ben relis le dernier xD Non mais sérieusement, merci Même si je suis certaine que ça m'arrive xD}

Oui, Savannah pensait vraiment que d'autres personnes se trouvaient à l'extérieur des abris durant la dernière explosion. Leur groupe avait pu se cacher sous les décombres de l'usine et même s'ils avaient été inconscients pour plusieurs heures, au moins ils avaient survécu. Alors pourquoi seraient-ils les seuls à avoir trouvé un moyen de se protéger ? Lorsque Sam exposa son propre point de vue, appuyant la vision des choses de son amie, celle-ci ne put qu'approuver. Garder un tel secret n'était déjà pas facile lorsqu'on le partageait à six, mais sans personne à qui expliquer sa peur des militaires et d'éventuelles découvertes bizarroïdes, ce devait être tout simplement insupportable. Entre eux, il n'y avait pas de secret et ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Ils se faisaient une confiance aveugle, par conséquent aucun n'était enclin à penser que l'un des cinq autres craquerait et raconterait tout, sans faire exprès ou bien sous la pression des agents du Gouvernement. Ils étaient prêts à se sacrifier pour sauver un membre de leur groupe. Savannah savait donc que c'était uniquement grâce à cette amitié indestructible qu'elle ne risquait pas de devenir complètement dingue d'avoir un tel secret. Malheureusement, pas tout le monde pouvait en dire autant. Et si une personne seule en dehors des abris se découvrait une sorte de... pouvoir, et était ensuite cuisinée par les militaires, elle pourrait mettre tout le monde en danger. Il ne fallait pas qu'ils découvrent la vérité, parce que dès qu'ils sauraient quelles conséquences la bombe avait eue sur les habitants de cette ville coincés à l'extérieur, alors ils redoubleraient d'effort pour trouver ceux qui restaient. L'étudiante en mettrait sa main à couper.

Savy avait hoché la tête, un air grave assombrissant son visage. Qu'aurait-elle pu ajouter ? Elle ne pouvait pas être plus d'accord avec Sam quant à la situation actuelle des choses, et comme ce dernier lui avait demandé des explications sur ce qui lui était arrivé trois jours auparavant, elle préféra le lui raconter. Tout au long de son récit, ses pensées n'avaient été centrées que sur une seule chose : que Sam ne la pense pas folle. Elle le lui dit même, après avoir déballé tout ce qu'elle avait sur le coeur, ne lui laissant même pas le temps de réagir face à cela. Fort heureusement, il avoua la croire, indiquant qu'il n'aurait pas pu avoir une réaction différente au vu de la raison qui l'avait amené ici. Savannah aurait aimé lui dire que rendre ses dessins vivants n'était pas pareil que se changer en chat, mais le temps qu'elle réfléchisse à la tournure de cette phrase, il avait déjà continué. Après tout, c'était vrai, non ? Le fait de dessiner quelque chose qui pouvait devenir réel n'altérait pas vraiment le corps humain, alors que devenir un félin... Comment était-ce possible d'être humain une seconde et de ressembler à un chat après ? Comment son corps pouvait-il faire une telle chose ? A l'évocation de son don comme étant fabuleux, la jeune femme ne put s'empêcher de dévoiler une expression étonnée face à Sam. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse dire une telle chose sachant toute la peur qui y était lié.

Cela dit... Prenons les choses de façon plus positive. Et si Savannah avait vraiment la capacité de devenir un chat ? Pour le moment c'était incontrôlable, mais dans les films non plus ça ne venait jamais du premier coup. Au bout d'un moment, elle apprendrait à le faire et pourrait se transformer n'importe quand, puis redevenir humaine quand elle le souhaitait. D'après ce qu'elle avait vu, elle gardait ses perceptions de femme, ou tout du moins ses souvenirs, ses pensées, sa capacité à réfléchir... Tout cela pourrait s'avérer utile. En essayant de comprendre ce qui lui était arrivé mais d'un point de vue moins effrayé et négatif, Savy arrivait à penser qu'effectivement, ce don pouvait être bénéfique, comme l'avait dit Sam. Alors, elle le comprenait. Et maintenant qu'elle y songeait, le sien aussi. N'était-ce pas merveilleux de dessiner quelque chose et de le voir immédiatement après devenir réel ? L'image d'un joli billet de cinq cent dollars lui vint à l'esprit, mais elle la refoula aussitôt. Néanmoins, elle ne pouvait cacher l'excitation qui émanait de cette découverte. Oui, elle avait peur, mais il fallait avouer que ce genre de truc n'arrivait pas tous les jours. Dire que ce qu'elle ne croyait être qu'une imagination débordante était en fait réel...

Savannah esquissa un demi-sourire, accordé avec ce mélange de sentiments qu'elle ressentait. Ce dernier s'effaça lorsque Sam, probablement encore marqué par son étonnement d'il y a quelques secondes, s'excusa d'avoir dit une chose pareille et dériva la conversation sur la bombe. Elle aussi pensait que c'était ce qui avait été à l'origine de tout ça, en même temps quelle autre avaient-ils ? Aucune. Le jeune homme se posa une question des plus pertinentes : s'il s'agissait du résultat voulu. Savy avait toujours pensé que les bombes qui avaient touché New Way ces dernières années n'avaient rien à voir avec les terroristes. Eux préféraient s'attaquer aux grands endroits, comme cette attaque sur les Twin Towers de NYC en 2001. A cet instant précis, la brunette n'était encore pas très grande mais avait été touchée par ces nombreuses morts. Plus tard, elle avait découvert seule ce qu'étaient des terroristes et pourquoi ils avaient voulu s'en prendre aux Etats-Unis. Ces explosions chimiques sur Portnay puis New Way... Ca ne collait pas avec des actes terroristes. Aussi, elle pensait que le Gouvernement trempait là-dedans pour une raison ou pour une autre et que c'était eux qui s'amusaient à balancer des bombes dans des petites villes dont personne ne s'inquiéterait. C'était également l'avis de nombreuses personnes, mais peu osait le dire tout haut, parce que les militaires étaient partout depuis la fin de l'isolement...

- Tu connais le fond de ma pensée... De là à dire que c'était le résultat voulu, j'en sais franchement rien. On n'en sait pas assez sur cette histoire. Je pense que pour le moment, on devrait se concentrer sur deux choses : cacher notre secret, et essayer de découvrir ce qui est en train de nous arriver. Tu sais... on devrait en discuter avec les autres. Je suis ravie que tu sois venu m'en parler, dit-elle d'une voix plus basse, presque dans un chuchotement, un sourire accroché à ses lèvres.

Savannah aimait qu'on vienne lui exposer ses problèmes, ou tout doute qui pouvait habiter l'un de ses amis. Parce que c'était son rôle dans la bande : celle qui savait écouter et réconforter, celle à qui l'on se confiait dans n'importe quelle circonstances, sachant qu'elle aurait toujours les mots pour rassurer. Sam avait l'air tellement chamboulé en arrivant qu'elle avait forcément été la première vers qui il s'était tourné. Et bien que ce ne soit pas la première fois, loin de là, Savy lui en était vraiment reconnaissante. C'était le genre de personne qui ne prenait jamais rien pour acquis, et certainement pas l'amour et la confiance de ses proches. Quand on disait ou faisait quelque chose qui prouvait qu'on tenait à elle et qu'on croyait en elle... Alors rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Même si la situation était plutôt sérieuse en soi, l'étudiante ne put se retenir d'y songer.

- Tu dis que j'ai un don fabuleux, mais pense au tien ! dit-elle soudain, fermant quelques secondes les yeux pour sentir le parfum enivrant de la rose qu'elle tenait toujours entre ses mains. Dessines-en un bouquet et tu feras craquer n'importe quelle fille !

Elle se mit à rire de bon coeur. Pour le moment, ils étaient sous pression. En fait, ça faisait plus d'un mois qu'ils étaient sous pression, avec l'enfermement et puis la mise en place de cette quarantaine... Savannah voulait malgré tout détendre l'atmosphère, elle voulait réconforter Sam et lui prouver que même s'ils se découvraient des pouvoirs, ce ne pouvait pas être si mal que ça. Après tout, au moins pour elle et son ami, personne ne pourrait le découvrir. Les objets de Sam ne devenaient réels que s'ils les dessinait, alors il n'aurait qu'à plus faire cela en présence de quelqu'un d'autre. Quant à Savy, sa capacité semblait se déclencher uniquement pendant son sommeil, et sa porte était toujours fermée. Ses parents n'oseraient jamais entrer sans avoir frappé et sans avoir eu sa permission. Elle avait vingt ans, en tant qu'adulte elle avait sa vie privée, bien qu'elle habitait encore chez eux. Ce n'était qu'une question financière de toute manière... Sinon, Savannah aurait pris un appartement depuis un petit moment.

- Si n'importe quelle chose que tu croques sur ce bloc devient réel... Alors imagine tout ce que tu pourrais faire !

Sam avait l'air un peu chamboulé par tout ça, mais Savy espérait bien l'avoir un peu aidé à se sentir mieux. En fait, elle lui aurait même demandé une petite démonstration de sa capacité là maintenant. La porte était verrouillée, et sa pause n'était pas encore terminée, il ne discutaient que depuis quelques minutes. Elle avait tout de même peur que Sam le prenne mal et refuse. Ce n'était pas de la curiosité, mais elle avait simplement envie d'en avoir le coeur net. Bien sûr, elle croyait son ami, c'était juste que... Elle voulait voir. Le voir de ses propres yeux. Savannah garda néanmoins le silence là-dessus. Elle ne ferait rien qui puisse déstabiliser Sam, et comme elle n'était pas certaine de sa réaction, autant se taire.

- Je suis complètement d'accord, on ne peut pas garder ça pour nous tout seul, surtout si l'un d'eux à eu quelque chose de similaire et qu'il n'ose pas en parler pensent que c'était un mauvais rêve ou son imagination... Un peu comme nous on a été tenté de le croire... Moi je suis ravi d'avoir trouver put trouver quelqu'un à qui parler tout de suite...

Les six amis avaient toujours été présent les uns pour les autres, que se soit pour parler, expliquer, conseiller, aider, partager,... Sam savait qu'il aurait pu se tourner vers n'importe qui aujourd'hui, il aurait trouver une oreille pour l'écouter. L'endroit qui lui avait parut le plus sûr et surtout le plus discret était la bibliothèque, une chance que son amie y travaillait et était présente.

Savy lui avait tout raconté sur cette fameuse nuit, Sam n'éprouvait maintenant plus aucune crainte, il était rassuré. Rassuré d'avoir trouver quelqu'un à qui parlé. Rassuré de ne pas avoir été seul. Rassuré de ne pas être le seul. Il avait toujours su qu'il pouvait compter sur n'importe lequel de ses amis, mais il était d'habitude plus rationnel et plus calme, il préférait de loin écouter, mais il aimait aussi par moment être écouté.

- Dis je me demandais si tu pouvais te transformé en chat seulement, ou bien si tu avais un répertoire plus large ?

Sam venait de poser sa question sans tabou, il savait que son amie pouvait se transformer en chat, mais peut-être pouvait elle aussi se transformer en souris, en chien, un animal beaucoup plus gros. Sam se demandait surtout si son amie pouvait se transformer en oiseau, il s'était toujours demandé ce que ça ferait que de pouvoir voler, sentir le vent sous ses ailes, avoir cette sensation de liberté et de pouvoir survoler tous les obstacles. Il était néanmoins conscient que son amie n'avait pas retenté l'expérience, peut-être avait elle peur de ne pas pouvoir redevenir humaine.

Lorsque son amie parla de son don fabuleux, il se souvenait surtout de la peu qu'il avait éprouvé, mais son amie avait sans doute raison. L'exemple était peut-être mal choisi, Sam était loin d'être un dragueur ou un homme à femme, il avait décidé d'attendre l'élue de son cœur, sans passer par d'autres filles. Certains disaient que c'était passer à côté de sa jeunesse, d'autre disait qu'il ne tiendrait pas... Sam avait toujours été un romantique dans l'âme et il trouvait que le plus beau cadeau qu'il pourrait offrir à celle qui allait devenir sa femme, était qu'elle aurait été la seule, l'unique, femme de sa vie.

- La question que je me pose, c'est est ce que ça ne marche qu'avec les objet ou alors aussi avec d'autre chose ? Une lueur venait de s'allumer dans ses yeux... Est-ce que tu aimes les papillons ?

Sam se sentait soudain plus fort, plus réfléchit, il ne savait pas d'où ça venait, peut-être de la présence de son amie à ses côtés. Il avait déjà détaché un feuille et sortit son crayon, il ne savait pas si elle aimait les papillons alors il se décida à attendre sa réponse, il se doutait qu'elle ne choisirai pas une araignée, un papillon ferait certainement l'affaire en espérant que ça fonctionne...

Tout comme Savannah avait été heureuse de la confiance que lui accordait son ami, Sam lui avoua à son tour être ravi d'avoir eu quelqu'un à qui parler immédiatement. Cette révélation fit extrêmement plaisir à la brunette, bien sûr. Quel que soit le moment et peu importe ce qu'elle était en train de faire, elle aurait toujours du temps pour ceux qu'elle aimait plus que tout au monde. Si Sam était venu la voir un peu plus tôt, alors elle aurait pris une pause non prévue, quitte à ce que cela déplaise à sa patronne. Celle-ci avait beau être chiante, elle n'était pas un démon et ne l'aurait pas virée pour une simple petite entorse à la règle. Et même si cela avait été le cas, Savannah y serait allée sans aucun regret. On ne disait pas d'elle qu'il s'agissait du coeur d'or du groupe pour rien : son attention envers ses cinq meilleurs amis était tout simplement sans limite. Elle s'était jurée depuis que son âge lui permettait de comprendre ce genre de choses de ne jamais les laisser tomber, d'être là pour eux quoi qu'il advienne. Jusqu'à maintenant, elle avait tenu sa promesse et espérait bien que cela dure jusqu'à la fin de son existence.

Parfois, elle imaginait le futur, car bien qu'elle soit plutôt du genre à vivre dans l'instant présent, elle aimait se voir dans quelques années en se demandant ce qu'elle serait devenue. Il n'était pas difficile de songer aux inséparables à soixante ans, tous mariés, parents mais également grands-parents, à continuer de se voir et à apprécier que leurs familles respectives s'entendent si bien. Ils se regrouperaient autour d'une table et évoqueraient les instants de leur jeunesse. Pour certains, cette vision aurait pu paraître un peu déprimante - qui avait envie d'être une personne âgée ? - mais pour Savy ce n'était qu'une certitude qui lui prouvait que l'amitié qui les liait était... éternelle. Non, le mot n'était pas trop fort. Plus tard, leurs gamins admireraient cette relation fraternelle entre eux. L'étudiante s'imaginait encore à la cuisine, à raconter un bout de son existence à sa fille haute comme trois pommes. Celle-ci lui dirait "Wouaaah vous vous connaissez depuis si longtemps !?". Ce serait alors avec une expression emplie de bonheur et de fierté que la maman lui répondrait. Mais tout ceci n'arriverait certainement pas dans la seconde...

D'un calme presque impressionnant, Sam demanda à la brunette si son pouvoir était uniquement réservé pour les chats ou si elle pouvait se changer en quelque chose d'autre. Bien sûr, elle n'en avait aucune idée puisque la seule expérience à laquelle elle avait été confrontée avait été celle d'il y a trois jours, au réveil. Sam ne pouvait néanmoins pas le savoir, et de ce fait sa question était plus qu'intelligente puisqu'elle fit réfléchir la jeune femme. Rien ne lui disait que les chats étaient les seuls animaux qu'elle pouvait incarner, mais rien ne lui prouvait le contraire non plus. Ayant toujours soif de plus de découvertes et de liberté, Savannah serait ravie de pouvoir devenir un oiseau ou une baleine. Le premier lui permettrait de se rendre dans des coins encore inexplorés des humains, et le second lui ferait découvrir le fond des océans, là ou un monde à part grouillait, de toutes les tailles, couleurs et formes. Amoureuse de la nature comme pas deux, Savannah commencerait à réellement voir cette capacité comme un don si cela lui était accessible.

- Je ne sais pas, pour le moment j'ai juste eu droit au chat, dit-elle en haussant un sourcil. Mais je me demande si ça n'aurait pas quelque chose à voir avec le rêve... Je me souviens bien avoir rêvé d'un félin juste avant de me réveiller... en chat. Alors si je rêve d'un chien, peut-être que cette fois j'en serais un ? C'est une bonne question, malheureusement je n'ai pas encore la réponse...

Savannah plissa les yeux, prise d'une réflexion intense. Franchement, elle était perdue. Elle ne savait plus quoi penser en fait. D'un côté, elle était effrayée à l'idée de se découvrir un pouvoir particulier, parce que normalement ce genre de trucs ne pouvait pas être vrai. Mais d'un autre, l'excitation la gagnait de plus en plus et soudain, sans crier gare, elle n'eut qu'une seule envie : rentrer chez elle et tester. Voir si en pensant très fort à un chat, elle en redeviendrait un. Malheureusement, cette idée n'était pas vraiment bonne puisque l'étape suivante pouvait s'avérer plus difficile : être humaine à nouveau. Et si elle arrivait à prendre la forme d'un animal mais qu'après, elle ne pouvait pas être à nouveau son "moi" réel ? Que se passerait-il si elle était coincée dans un corps qui ne lui appartenait pas, incapable de se sortir de ce pétrin ? Un sourire se dessina soudain sur son visage, et Sam, qui avait été témoin de toutes ses mimiques jusqu'à maintenant sans savoir de quoi il retournait, devait se poser pas mal de questions auxquelles Savannah s'empressa de répondre.

- Je me disais que j'essaierais bien. Mais tu sais, si ça marche... J'ai peur de ne pas pouvoir redevenir humaine. Et puis me retrouver coincée comme Salem dans Sabrina, l'apprentie sorcière, très peu pour moi ! conclut-elle en riant, avant de reprendre un peu plus de sérieux. Si un jour je voulais tenter... Je crois que je le ferais avec toi. Parce que toi maintenant tu connais ce secret, ce serait déjà une sécurité. C'est bête tu sais, j'en ai tellement envie que je serais prête à y aller en ignorant totalement le danger de rester un chat à jamais. Maintenant, je comprends pourquoi dans les films les gens comme ça se prennent pour des héros en un rien de temps. Ca monte très vite à la tête ce genre de choses.

Visiblement, Sam souhaitait lui aussi tenter un nouvel essai. Au moins, son don n'avait aucun danger, tant qu'il ne dessinait pas un dragon - et encore ça ne fonctionnerait peut-être pas, cela dit Savannah n'était pas sûre de vouloir le vérifier... Le jeune homme lui demanda si son pouvoir marchait aussi avec autre chose que les objets, comme un être vivant par exemple. Il interrogea ensuite Savy sur ses goûts en matière de papillon. Loin d'être blonde - Oh Alex, pardonne-moi tu sais que je n'ai rien contre cette couleur de cheveux - l'étudiante avait bien sûr compris où son ami voulait en venir.

- Oui bien sûr, trouve-moi une fille qui ne pense pas que les papillons sont magnifiques et je te donne mille dollars, dit-elle en souriant. Enfin, prends pas ça au sérieux, tu sais que j'ai pas les moyens... Wouah, j'arrive pas à croire ce que tu t'apprêtes à faire. Si ça marche... J'avoue qu'entre l'entendre et le voir de ses propres yeux...

Savannah ne se donna pas la peine d'expliquer le fond de sa pensée, de toute façon Sam avait saisi tout seul. Il lui suffisait de se mettre à sa place : et si la brunette se changeait tout à coup en chat là, juste devant lui ? Comment réagirait-il ? Elle décida donc de se taire et de laisser Sam se concentrer. Posant la rose, Savy croisa ses bras sur la table et posa des yeux intrigués sur la feuille blanche où se trouverait bientôt un joli papillon... Mais y resterait-il ?

Au même titre que Savannah avait remercié son ami pour être venu à elle lui parler de cette histoire de dessins qui prenaient vie, Sam remercia à son tour la brunette pour la confiance qu'elle lui accordait. C'était tout à fait normal, même si elle ne cachait pas aimer entendre ce genre de choses. La brunette hocha la tête en un sourire, et recommença lorsque le jeune homme lui donna son point de vue sur la réaction de certaines personnes face à des pouvoirs surnaturels. Oui, il faudrait vraiment être inconscient pour se penser invincible et aller espionner puis attaquer les militaires... Pourtant, ce genre de cas existerait forcément. Pour sa part, Savannah n'avait jamais aimé tout ce qui avait attrait au pouvoir et bien qu'elle soit parfois impulsive, elle n'en restait pas moins quelqu'un d'intelligent qui n'irait pas se jeter dans la gueule du loup juste pour avoir quelques sensations fortes. Posséder un don ne la rendrait pas immortelle et ne l'apparenterait certainement pas à Superman, Spiderman ou encore Batman. Hors de question qu'elle joue les justiciers en costume - ou pas - parce qu'elle pouvait faire un truc hors du commun. Surtout si son pouvoir était vraiment de se transformer en chat, elle ne voyait pas franchement en quoi elle pourrait être utile pour sauver des vies ou taper du militaire. Sam était pareil de ce point de vue-là, comme il venait de le dire. S'il avait hérité d'un truc différent, il n'aurait pas laissé le pouvoir lui monter à la tête et serait resté fidèle à lui-même.

Les deux étudiants cessèrent toute discussion lorsque Savannah indiqua qu'un papillon lui irait parfaitement. Après le sourire de son ami face aux mille dollars qu'elle lui "proposait", ce dernier entreprit de dessiner ce magnifique petit animal sur une feuille encore vierge de son bloc à dessin. Concentrée sur sa main et sur la mine du crayon, la brunette retenait presque son souffle. Sam ne mit pas longtemps à terminer le papillon, mais cela avait tout de même permis à la jeune femme de songer à ce qui s'était passé le jour où elle avait découvert son pouvoir. Parce qu'elle n'était pas la seule à en avoir fait les frais. Le soir-même, elle avait rencontré Jack au centre commercial, alors qu'elle allait chercher le repas du soir pour ses parents et elle. Ayant décidé de leur faire une petite surprise, elle était donc passé chez le traîteur pour prendre du canard et du gratin dauphinois, puis s'était rendue dans la section des livres pour se choisir un roman. Jack se trouvait là, à farfouiller dans les magazines, un réveil fraîchement choisi sous le bras. Comme les deux amis ne s'étaient pas revus depuis la sortie de l'abri, Savannah avait invité le barman à dîner et il avait accepté. Il lui manquait beaucoup et inversement, comme chacun des membres du groupe d'ailleurs. Alors que les deux amis se trouvaient dans la cuisine à préparer le repas, Jack avait voulu allumer la lampe mais l'ampoule avait grillé. Lorsque Savy lui en avait tendu une nouvelle, celle-ci s'était allumée dans sa main. Ils n'en avaient pas vraiment parlé de la soirée, puisque David et Catherine étaient présents, et depuis, les deux témoins de cette incroyable scène ne s'étaient pas revus entre eux. Savannah devait-elle en parler à Sam ou bien Jack préférerait-il le faire lui-même ?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir au comportement à adopter face à cela. Sam venait de terminer son dessin avec des lettres formant le surnom de la jeune femme sur les ailes du papillon. Elle lui sourit et songea alors que la femme qui aurait droit à son coeur aurait tout intérêt à le mériter : elle ne connaissait personne d'aussi doux et romantique que Sam. Même si celui-ci n'avait fait cela que par amitié envers la brunette, elle savait qu'il aurait fait la même chose pour quelqu'un pour qui il aurait des sentiments amoureux. Sam méritait d'avoir la plus gentille des compagnes. Alex et Savy veilleraient à ce que celle-ci soit à la hauteur, bien qu'elles sachent pertinnemment que ce n'était pas leur choix ni leur vie... Mais allez dire à deux femmes qui souhaitent protéger leur coeur de "leurs hommes" qu'elles ne devraient pas surveiller leurs petites-amies... Autant parler à un mur, n'est-ce pas ?

Une fois le dessin achevé, Savannah regarda Sam. Il avait également son regard plongé dans le sien, et bien qu'elle soit tentée de regarder le papier, l'étudiante ne le fit pas. Bizarrement, elle avait peur que surprendre le don en pleine action l'empêcherait d'aller jusqu'au bout. Elle ne détacha donc pas ses yeux de ceux de son ami. Du moins jusqu'à ce que lui-même décide de porter son attention sur le bloc. Alors, elle s'autorisa à en faire autant. Seuls les contours d'un papillon étaient visibles, et un grand étonnement put se lire sur son visage à cet instant précis. Si le dessin avait vraiment changé, alors dans ce cas ça avait fonctionné ! Enfin, au même moment que Sam, elle regarda sa main qui était à moitié refermée sur elle-même. A l'intérieur, on pouvait y voir un magnifique papillon portant les lettres S, A, V et Y sur ses ailes... Lorsque le jeune homme ouvrit sa main où le papillon se débattait à l'intérieur, ce dernier s'envola dans la pièce. Savannah le suivit du regard, ne pouvant se résoudre à se détacher de ce magnifique insecte.

- Wouaaaah !

Elle n'arrivait pas à y croire. Elle venait d'être témoin de quelque chose de surnaturel, pour de vrai ! Trois jours plus tôt, lorsque l'ampoule s'était allumée dans la main de Jack, elle avait également vu un truc pas possible, mais c'était encore différent. En quoi ? Et bien ce fut à voix haute que la brunette l'annonça, mais presque dans un murmure, comme si elle n'arrivait pas encore à croire à ce miracle et qu'elle ne voulait pas perturber le papillon qui voletait autour des deux amis.

- Sam... Tu viens de donner la vie ! Tu te rends compte ? Tu viens de donner la vie ! répéta-t-elle, abasourdie.

Alors, une question lui vint à l'esprit. C'était peut-être absurde mais elle n'avait put s'empêcher d'y penser. Si le dessin d'un papillon donnait un vrai papillon, bien vivant, qui respirait, qui bougeait et qui agissait exactement comme ceux de son espèce... Cela fonctionnerait-il s'il dessinait un être humain ? Sam, qui venait vraiment de donner vie à un animal, pouvait-il en faire autant avec les Hommes ? Si tel était le cas, Savannah ne pouvait réussir à imaginer l'ampleur de sa capacité. En tout cas maintenant, elle était persuadée de ne pas avoir rêvé, elle était persuadée que Jack possédait un truc qui lui permettait peut-être de créer de l'électricité dans son corps, elle était persuadée de pouvoir se transformer en chat. Ce fut avec un regard déterminé qu'elle posa de nouveau ses yeux sur Sam, tellement plongée dans tout ça qu'elle en avait oublié d'ouvrir la fenêtre pour laisser ce papillon goûter à sa toute nouvelle liberté.

- Sam. Je veux le faire. Maintenant. J'ai encore du temps pour ma pause, et si toi tu peux y arriver alors il n'y a pas de raison que de mon côté je ne réussisse pas. Il faut que je tente le coup, il le faut !

Elle n'avait pas rendu son souhait explicite, mais savait que le jeune homme comprendrait. Le tout était de savoir s'il était d'accord, car elle ne voulait pas lui faire endosser une telle responsabilité si jamais les choses tournaient mal. Parce que si elle n'arrivait pas tout de suite à redevenir humaine... Comment Sam expliquerait-il à Mme Kane que Savannah n'était plus là mais qu'il se trouvait en compagnie d'un chat !? Quoi qu'il en soit de toute façon, elle tenterait dans l'heure qui suivrait. Si Sam ne se sentait pas là tout de suite, alors elle trouverait une excuse pour quitter son boulot plus tôt, rentrerait chez elle et essaierait. Jusqu'à ce qu'elle y parvienne.

{Oh le petit clin d'oeil, que de bons souvenirs <3}

Emerveillée devant ce magnifique papillon qui volait à l'intérieur de la pièce, laissant apparaître ces magnifiques ailes colorées, Savannah fut presque surprise d'entendre la voix de son ami. D'ailleurs, sa question aussi était plutôt étonnante. Pourquoi vouloir remettre ce papillon sur le papier ? Pourquoi vouloir reprendre la vie qu'il venait de donner ? En soi, c'était quelque chose d'important à savoir, du moins était-ce ce qu'elle pensait. Mais elle ne pouvait pas croire que Sam avait envie de tuer le papillon - le mot était peut-être fort mais c'était bel et bien le but recherché - au lieu de simplement le lâcher dans la nature et le laisser vivre sa vie d'insecte volant. De toute façon, il ne vivrait pas éternellement puisque cette espèce était réputée pour ne pas dépasser les huit jours d'existence, et il ne lui vint pas à l'esprit que les créations de Sam puissent être immortelles. Lâcher l'animal dehors équivaudrait à risquer de se faire prendre : le papillon portait la marque de Savy, et il n'y avait pas trente-six Savannah dans la petite ville de New Way. Ce serait bien trop bizarre pour ne pas être vu, surtout que même à quelques mètres et en volant, le papillon laissait voir les lettres qu'il avait sur les ailes. Cette constatation échappa néanmoins à la brunette, bien trop absorbée par sa propre expérience d'il y a trois jours. Elle était en train de penser que si Sam pouvait contrôler en quelque sorte sa capacité, alors il n'y avait pas de raison pour que ce ne soit pas son cas. Du coup, le papillon lui sortit totalement de la tête et, mauvaise amie dans l'instant, elle ne remarqua pas la peur que Sam avait affiché l'espace de quelques secondes sur son visage.

Savy avait toujours été attentive envers ses proches, et jamais elle n'avait passé ses propres intérêts ou envies avant les leurs. Quitte à annuler une soirée prévue, elle était toujours là pour réconforter quelqu'un et en général, ne ratait jamais les petits signes qui montraient qu'ils étaient stressés, heureux ou tristes. En bonne dissimulatrice de ses sentiments, Savannah était par contre une personne qui comprenait facilement le langage des gens. Aujourd'hui, elle avait tenté de rassurer Sam du mieux qu'elle avait pu, mais elle était tellement concentrée sur sa transformation en chat que son mal-être ne lui parut pas. La brunette ne voulait pas tirer toute la couverture à elle, seulement il fallait bien avouer que les compétences de son ami soulevaient pas mal de question sur les siennes. Ayant néanmoins entendu l'interrogation du dessinateur, la brunette réfléchit quelques secondes à la réponse qu'elle pourrait bien apporter.

- Je ne sais pas... Est-ce possible, déjà ? Peut-être que tu ne peux pas...

C'était la seule chose qui lui avait traversé l'esprit. D'un autre côté, c'était important, parce que s'il n'était effectivement pas possible de remettre ce papillon sur le papier, dans ce cas il n'était pas la peine de se creuser la tête à chercher pour savoir comment. Le problème dans ce genre de situation, c'est que pour savoir si c'était faisable, il fallait tester. Il n'y avait personne pour les guider et leur dire "Non." ou "Oui, mais maintenant il faut trouver de quelle façon par vous-mêmes". Pourtant, ça les avancerait bien, parce que ça pourrait éviter à Sam de tester tous les trucs possibles et imaginables dans l'espoir que ça marche : gommer les contours restés sur le papier, brûler le dessin, prendre le papillon et le coller sur la feuille en espérant qu'il y rentre comme il en était sorti...

Dur, dur de trouver. Savannah posa une nouvelle fois les yeux sur l'animal qui portait son surnom et fut frappée par cette envie soudaine de tester son propre pouvoir. Elle avait le temps, elle n'était pas toute seule et personne ne risquait de les apercevoir. La fenêtre ne donnait pas sur la rue mais sur une petite cour, et il était facile de baisser le store pour ne pas être aperçu. Mme Kane ne risquait pas de se rendre à l'arrière, puisqu'elle devait s'occuper de l'accueil durant la pause de son employée. Savy n'attendait plus que l'accord de Sam pour commencer. Lorsqu'il lui promit d'une voix assurée qu'il ne la lâcherait pas, elle murmura un "Merci" sincère et esquissa un sourire qui, cette fois, ne cachait pas sa peur à l'idée de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Se levant de sa chaise, la jeune femme alluma les lumières de la pièce et baissa le fameux store. Sam comprendrait aisément la raison de ce geste bien sûr. Puis, elle s'assit à nouveau, cette fois en mettant ses jambes en tailleur.

- Bon, nous y voilà, dit-elle d'une voix stressée. A mon tour maintenant... Je sais pas si ça va marcher, si ça se trouve c'est uniquement en rêvant que je peux me changer en chat. Je vais quand même essayer d'y penser très fort, fermer les yeux pour me concentrer...

Un dernier regard pour Sam et la brunette se retrouvait seule avec une image de félin dans la tête. Les mains posées sur ses jambes, elle essaya tout d'abord de se détendre et de ne pas penser au danger de ne plus pouvoir redevenir humaine si jamais cela réussissait. Mais intérieurement, elle n'était pas vraiment persuadée que ça fonctionnerait, c'était peut-être ce qui l'empêchait de flipper comme une malade. Chocolate s'immisça dans ses pensées et et elle essaya de l'imaginer sous toutes les coutures, en train de marcher, comme si une caméra faisait le tour de l'animal pour en capturer chaque parcelle. Le silence s'était fait dans la pièce, on aurait presque dit que chacun des deux amis retenait son souffle. Après deux minutes bien qu'elle semble avoir perdu la notion du temps, la brunette commença à se sentir un peu bizarre mais se retint de stopper l'expérience ; elle voulait vraiment aller jusqu'au bout. D'autres minutes s'écoulèrent, sans que Sam ne prononce un seul mot. Savannah avait presque oublié sa présence, faisant abstraction de tout ce qu'il y avait autour d'elle pour ne voir que le chat qui trottinait sur un sol imaginaire. Son ami avait-il senti que quelque chose se passait ou bien attendait-il qu'elle ouvre des yeux déçus de ne pas avoir réussi ? La regardait-il seulement ? Enfin, au bout d'un temps qui avait semblé interminable - mais qui n'avait pourtant été que de cinq minutes environ - Savy sentit un changement opérer. Elle ne pouvait pas expliquer ni quoi, ni comment, c'était tout bonnement impossible de mettre cela sous forme de mots. Mais quelque chose lui disait qu'un truc se passait. Quand sa tête arrêta de tourner, elle leva lentement les paupières. Pour se rendre compte que Sam lui paraîssait largement plus grand et imposant qu'auparavant. Savannah essaya de se regarder et baissa ses yeux de chat sur son corps. Elle avait la même fourrure que Chocolate, quatre pattes, une queue et des coussinets tout doux. Un vif bonheur s'empara d'elle alors que la brunette constatait sa réussite.

- J'ai réussi ! J'y suis arrivée !

Ce fut ce qu'elle voulut dire à Sam mais seul un miaulement rauque sortit de sa gorge. Forcément, il ne devait pas avoir compris. Peu importait, il la connaissait assez bien pour savoir ce qu'elle venait d'exprimer. Prenant son courage à quatre pattes, Savy entreprit de descendre de la chaise. Faire un tel mouvement était plutôt périlleux quand on n'avait pas l'habitude de se trimballer sous la forme d'un félin, mais elle avait déjà testé deux fois chez elle : une pour descendre du lit, et une autre pour y remonter. Observant le sol plus bas, elle lança ses pattes avant et poussa de ses pattes arrière... avant d'aterrir sur le carrelage de la pièce. Ca n'avait pas vraiment été un saut majestueux, d'ailleurs il n'avait pas vraiment du ressembler un celui d'un chat, ou alors un chat extrêmement maladroit. Levant les yeux vers un immense Sam Garner, Savannah s'attendit à ce qu'il ait un sourire amusé gravé sur son visage.

{Tu sais bien qu'il n'y a pas de souci ! Je vais essayer de clotûrer, ça permettra de faire avancer l'intrigue de nos persos et ça te libérera d'un topic, sachant que tu n'as déjà pas beaucoup de temps... Et puis, on a fait un excellent sujet, RP avec toi me manquait énormément, et je dis : vivement le prochain !}

Comme elle s'y était attendue, Sam n'avait pas retenu son rire à l'idée de la voir en chat et de l'entendre miauler au lieu de parler. Logique, ayant les capacités physiques de cet animal, il lui était donc impossible de former des mots. Ca ne l'ennuyait pas tant que ça en fait, parce qu'un félin doué de la parole ce serait vraiment trop étrange. Encore une fois, l'image de Salem dans la fameuse série Sabrina, l'Apprentie Sorcière lui vint à l'esprit. Maintenant qu'elle était à terre, la brunette voulait en profiter et se mit à marcher en faisant des cercles, toujours près de la chaise, pour essayer de se faire à cette façon si bizarre de se déplacer. Après quelques secondes, elle se tourna de nouveau vers Sam et plongea ses yeux de chat dans les siens, rieurs et qui semblaient fiers. L'était-il vraiment ? Savy aurait parié que oui, c'était sa personnalité. Il était l'un des plus doux du groupe et, tout comme l'étudiante en anthropologie, était ravi quand l'un de ses amis arrivait à faire quelque chose qui lui tenait à coeur. En l'occurence aujourd'hui, il s'agissait de Miss Andrews qui souhaitait se transformer en félin par la simple force de sa pensée. La voix de Sam s'éleva alors qu'il posait une question à son amie. C'était la première fois qu'elle entendait un être humain lui parler sous cette forme, et fut surprise de constater que si elle ne pouvait pas prononcer des phrases normales, elle était en revanche tout à fait capable de comprendre la langue Anglaise. A bien y réfléchir, c'était normal, puisque ce genre de prouesses ne faisait pas partie des caractéristiques physiques de l'animal.

Bien évidemment, quand Savannah voulut répondre à son ami qu'elle voyait en couleur mais moins bien que normalement, seul un miaulement sortit de sa gorge de chat. Tant pis, elle le lui dirait une fois redevenue humaine. Comme quoi finalement, la brunette détenait un secret qu'aucun scientifique n'avait encore réussi à percer. Sur Internet, on lisait beaucoup d'articles mais aucun ne s'accordait à savoir si les félins (ou du moins les chats) étaient capables de voir en couleur ou si ce n'était qu'en noir et blanc. En fait, ils pouvaient voir les couleurs, mais celles-ci étaient un peu altérées. Un truc qui était rouge en réalité apparaissait comme marron ou noir aux yeux de Savy-à-quatre-pattes. De même que sa vision diurne n'était pas si nette que ça, et d'après les mêmes lectures sur le Net, elle conclut que la vision nocturne devait en revanche être absolument parfaite. Se transformer en cet animal était finalement bien pratique : si un jour elle avait besoin de se déplacer dans la nuit sans se cogner partout, ce ne serait pas un problème. Enfin à supposer qu'elle puisse refaire son petit exploit de cette pause déjeuner. Mais elle doutait ne pas en être à nouveau capable, après tout pourquoi le faire une fois et ne pas y arriver par la suite ? Ca n'aurait pas de sens... Cela dit depuis quelques jours plus rien n'en avait.

Savannah se dirigea vers la chaise où se trouvait Sam, appréciant la douceur du sol sous ses petits coussinets. Après tout, autant qu'elle en profite, non ? Elle ne risquait pas d'être à nouveau un chat devant son ami avant un petit moment, quoi que... Tout ceci ne pouvait pas rester entre eux, il fallait qu'ils en discutent avec les autres, les mettre au courant de ce qui se passait. En tout cas, il y en avait au moins un qui pouvait également faire des trucs bizarres. Savy en parlerait à Sam dès qu'elle serait de nouveau en mesure de prononcer un mot sans qu'un miaulement incompréhensible ne sorte de sa bouche. Bientôt, ils devraient se retrouver tous les six et discuter sérieusement de tout ça. Il s'agissait d'événements importants en rapport direct avec la bombe, donc avec leur sécurité. Le moindre faux pas pourrait leur coûter la vie.

Pour l'heure, la brunette avait envie de se détendre un peu et de distraire également Sam. Son ami devait avoir beaucoup d'inquiétudes, au moins autant qu'elle puisque lui aussi s'était découvert un pouvoir surnaturel, avec lequel il devait apprendre à composer. Il devait se poser beaucoup de questions de son côté. Le faire rire un peu ne serait pas du luxe, et s'il y avait bien une chose que Savannah savait faire, c'était remonter le moral de ses proches. La jeune femme ressemblant désormais en tous points à Chocolate se prépara à sauter sur les genoux de Sam. Mais avant, elle lui lança un regard qui, elle l'espéra, ferait passer son souhait d'y arriver seule : hors de question qu'il lui file un coup de main ! Ce fut du premier coup que la brunette réussit à atteindre son but. La prochaîne étape ? Grimper sur son épaule pour atteindre sa joue où elle ferait une petite léchouille de chat qui serait interprétée comme un bisou humain. Après tout, en tant que jeune femme, elle le faisait régulièrement. Ils se connaissaient depuis bien assez longtemps pour ne voir aucune ambiguïté dans leur relation, d'ailleurs s'imaginer être avec Sam la dégoûtait un peu. Pas dans le sens où ce n'était pas quelqu'un de bien, au contraire il était même super mignon. Mais ne pouvait-on pas dire à son propre frère qu'il était physiquement attirant aux yeux des autres ? Si. Et c'était exactement ça. Avec lui comme avec les autres garçons du groupe, Savannah entretenait un amour uniquement fraternel, et ça lui allait parfaitement.

Ce fut sans grand effort que Savy grimpa sur l'épaule de son ami et lui fit son petit "bisou" sur la joue, ce qui eu bien évidemment le don de le faire rire. Au moins, ça avait eu l'effet escompté, et l'étudiante avait également pu se rendre compte qu'elle maîtrisait assez facilement son noveau gabarit et ses capacités félines. A cet instant précis, elle ne pensait strictement pas au fait qu'il lui serait possible de se transformer en un tout autre animal, n'importe lequel de son choix. Non, seul ce qu'elle arrivait déjà à accomplir était important, et puis c'était quelque chose de déjà bien assez extraordinaire pour en vouloir plus. La bibliothécaire descendit de Sam avec une agilité toute fraîche et se retrouva à terre. D'un autre regard, puisque c'était leur seul moyen de communication, Savannah "annonça" qu'elle allait redevenir humaine. Un autre bond et hop, elle était assise sur sa chaise initiale, les yeux fermés. Sa concentration dura encore bien quelques minutes avant de se rendre compte de ce changement qui s'opérait dans son corps. Ca avait fonctionné, comme elle put le constater en ouvrant les yeux. Ses bras, ses jambes, tout était revenu. Une expression de bonheur total s'afficha sur son visage et elle porta son attention sur Sam.

- Je l'ai fait, Sam ! T'as vu ça ? Je suis devenue un chat ! J'ai compris ce que tu m'as dit... En fait je vois des couleurs mais parfois ce ne sont pas les mêmes, et ma vue est un peu plus floue. Normal, les félins sont connus pour distinguer parfaitement dans le noir, encore mieux que le jour... C'est... c'est juste incroyable, j'en reviens pas !

Elle s'était levée et avait déblatéré son petit monologue tout en marchant - non, piétinant serait un mot plus juste - dans la pièce, tout excitée à l'idée de ce qu'elle venait de faire. Oui, elle avait vraiment un pouvoir ! Et encore une fois, la brunette ne put se retenir de penser qu'une fois chez elle, elle ferait d'autres essais. Maintenant qu'elle avait la certitude de redevenir humaine sans problème, alors qu'est-ce qui la retenait ? Ben pour l'heure, ce qui l'en empêchait, c'était son boulot par exemple. Savy regarda soudain sa montre et vit qu'il ne lui restait plus que dix minutes pour prendre son déjeuner avant de devoir retourner à l'accueil. Elle n'avait pas envie de laisser Sam, de le voir repartir. Mais au moins, ils avaient tous deux partagé leur secret avec quelqu'un et se sentiraient plus léger quand ils se sépareraient. C'était ce qui comptait le plus finalement.

- Déjà... Je vais devoir reprendre le boulot, annonça-t-elle avec une petite moue déçue. Sam, je voulais te dire... merci. Merci d'être venu me voir, de m'avoir fait confiance, de m'avoir aussi soutenue dans ce que je vivais. Parce que ce sont des choses extraordinaires, mais ça n'en reste pas moins lourd à porter, et il va falloir qu'on en parle avec les autres. Mais en attendant, je me sens mieux d'avoir pu discuter avec toi. Et j'espère que tu ressens exactement la même chose.

Savy avait dit cela sincèrement, comme elle le pensait, ajoutant un petit sourire. Finalement, elle ne lui parlerait pas de Jack et de son ampoule, elle n'en avait pas le temps. Et peut-être que son ami préférerait s'en charger lui-même le soir où ils se feraient une petite réunion pour s'échanger leurs nouvelles et discuter sérieusement de la situation actuelle... La brunette savait au moins une chose : elle allait avoir du mal à se reconcentrer sur son travail, qu'il soit à l'accueil ou sur les Mayas, après ce qui venait de se dérouler... Sam donnant vie à ses dessins, et elle-même se transformant en chat.